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L’économie française fait du surplace

Le recul de la demande interne privée n’a pas entraîné un repli de l’économie française en fin d’année, grâce à une contribution positive du commerce extérieur. Cependant, l’acquis de croissance à l’entrée de 2024 est quasiment nul, ce qui rend obsolète le scénario macroéconomique prévu dans le projet de loi de finances en septembre (une croissance attendue de +1,4% pour le PIB).

Le volume du PIB français a stagné au quatrième trimestre 2023, selon une première estimation de l’Insee fin janvier. Ce constat est également valable pour la zone euro dans son ensemble, avec des hausses en Italie, en Espagne et en Belgique compensant à peine le repli en Allemagne. En fin de compte, la croissance en France s’est élevée à 0,9% par rapport à 2022, soutenue par un bon chiffre au printemps, lui-même attribuable à une contribution nettement positive du commerce extérieur.

À la fin de 2023, les échanges avec l’étranger ont également soutenu l’activité, mais cette fois-ci seulement en raison de la diminution des importations. Au deuxième trimestre, c’était la vigueur des exportations qui avait surpris positivement, notamment grâce à la livraison d’un paquebot. Ce recul s’explique principalement par l’orientation à la baisse des achats de biens industriels, ainsi que par une baisse des importations de services marchands, la première depuis la crise Covid au printemps 2020. Globalement, cela témoigne de l’atonie de la demande privée hors stocks, qui se situe à un niveau comparable à celui de l’été 2022.

L’augmentation régulière des dépenses des administrations publiques maintient également la croissance à flot. Le déficit, exprimé en proportion du PIB, s’est élevé à 4,8 % au troisième trimestre (le dernier connu), un ratio qui devrait rester peu ou prou le même une fois calculé en moyenne annuelle.

Concernant les investissements productifs, la conjoncture française est principalement marquée par une inflexion dans les investissements des entreprises (-0,6 % au dernier trimestre), qui avaient presque continuellement augmenté depuis la crise sanitaire. Même les dépenses consacrées aux logiciels et à la R&D stagnent, alors qu’elles progressaient jusqu’ici à un rythme d’environ 8 % par an. La montée brutale des taux d’emprunt et le renforcement des difficultés de trésorerie liées à l’allongement des délais de paiement finissent ainsi par contraindre les dépenses des entreprises en actifs fixes, mais également en capital circulant. À présent, la variation des stocks pénalise sensiblement la croissance, alors qu’elle l’avait franchement soutenue en 2022, une période troublée par des difficultés inédites d’approvisionnement.

Déception pour la consommation

La bonne tenue de la consommation des ménages au troisième trimestre (+ 0,5 %) ne s’est pas prolongée, s’affaissant même légèrement au quatrième. Pour partie toutefois, ce résultat tient aux conditions météorologiques, la relative douceur des températures ayant entraîné une nette décrue des dépenses consacrées à l’énergie. Parallèlement, les achats de produits alimentaires sont repartis à la baisse, s’inscrivant en retrait de près de 11 % par rapport à leur pic du début 2021. Le niveau inédit du taux d’épargne des ménages ne faiblit pas, s’affichant à 17,6 % en 2023 (moyenne des 3 premiers trimestres), surpassant le ratio calculé pour la zone euro (hors France) de 4 points environ, alors que l’écart était inférieur à 2 points en 2019. Sur la période, l’inflation s’est il est vrai révélée moins vive qu’en Europe, alors que la consommation comme les revenus des ménages ont évolué à une cadence proche dans les 2 zones.

L’autre composante de la dépense des Français, à savoir l’investissement (achat de logements neufs + gros travaux) continue de reculer. La chute de 82 000 en un an des mises en chantier de logements s’accompagne toutefois d’une croissance du segment de l’entretien-amélioration, porté par la rénovation énergétique. Globalement, l’investissement demeurerait sur une pente négative a minima jusqu’à la mi-2024, envisage l’Insee dans sa note de conjoncture parue à la mi-décembre.

Lent ajustement de l’emploi

La vigueur des créations d’emplois dans le privé en 2021 puis 2022 avait surpris par son ampleur, tirée pour partie par le boom des embauches d’apprentis. Elles se sont poursuivies courant 2023 mais à un rythme ralenti, avant même de refluer légèrement au quatrième trimestre, selon une première estimation délivrée il y a quelques jours. Les effectifs intérimaires s’ajustent en effet de nouveau à la baisse, mouvement qui s’accompagne d’un repli du nombre de salariés dans la construction pour le troisième trimestre consécutif (hors intérim), mais, aussi, de celui dans les services pour la première fois depuis 3 ans. À l’inverse, l’emploi reste positivement orienté dans l’industrie (la déclinaison sectorielle n’est pas connue à ce stade), de sorte qu’il dépasse d’environ 83 000 son niveau de la fin 2019. Les difficultés de recrutement y apparaissent un peu moins fortes mais concernaient encore plus de la moitié des entreprises en janvier 2024.

 

Chiffres clés :

  • – 4 % : variation des importations de produits industriels au T4 2023
    – 99,6 milliards d’€ : solde des échanges extérieurs de biens en 2023 (y compris matériels militaire)
    + 9 % : variation sur 4 ans des investissements des entreprises non financières au T4 2023
    + 0,7 % : variation sur 1 an de la consommation des ménages en 2023
    + 0,3 % : variation de la consommation des ménages en services au T4 2023
    + 0,3 % : variation sur 1 an du pouvoir d’achat de l’ensemble des revenus des ménages en 2023 (prévision Insee)
    34,9 milliards d’€ : montant des placements financiers des ménages au T3 2023
    4,06 % : taux moyen des crédits à l’habitat (hors renégociations) en janvier 2024
    + 0,6 % : variation sur 1 an des prix de production dans les branches marchandes au T4 2023
    + 1,16 million : variation sur 4 ans des effectifs salariés du privé au T4 2023
    – 7 % : variation sur 1 an des effectifs intérimaires du privé au T4 2023

CONTACTS

Mathieu PERAUD

Délégué Général

02 99 87 42 87