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L’EMPLOI INDUSTRIEL TOUJOURS BIEN ORIENTÉ !
L’absence de croissance a fini par conduire à une stagnation de l’emploi privé en France, qui, il est vrai avait progressé bien plus qu’attendu par les observateurs jusqu’en 2022. Dans l’industrie, la tendance reste pour l’instant positive, mouvement appelé à se poursuivre parie l’Insee dans sa note de conjoncture publiée il y a quelques jours.
Inflexion dans les services
Après quasiment 200 000 par trimestre en 2021, les créations nettes d’emplois dans le privé en France sont ressorties à 100 000 en moyenne par trimestre tout au long de 2022, puis, à 23 000 l’an passé. Une baisse est même intervenue en fin d’exercice pour la première fois depuis 2020, conséquence de la poursuite du repli des effectifs intérimaires et du retournement observé dans les services (commerce de gros, restauration, information-communication et services administratifs). De son côté, le secteur de la construction, qui subit de plein fouet l’effondrement du crédit et l’inflation (prix des matériaux, foncier), a de surcroît enregistré un recul pour le quatrième trimestre consécutif.
Quoiqu’en net ralentissement, la hausse du stock d’apprentis dans le privé s’est prolongée en 2023 (+ 45 000 entre décembre 2022 et décembre 2023 selon les données diffusées par la Dares), de sorte que celui-ci a atteint un record de 986 000 ; en intégrant le public, la barre du million de contrats a même été franchie. Ainsi, depuis la fin 2019, c’est-à-dire avant la pandémie, plus de 40 % de la progression du nombre de salariés du privé a tenu à celle des apprentis. Cette situation a certes pu contribuer à la perte de productivité relevée depuis cette période (+ 5,9 % pour l’emploi en regard de + 1,9 % pour le PIB) mais d’autres facteurs ont également joué un rôle (chute transitoire d’activité dans le secteur nucléaire, rétention de main d’œuvre, hausse des arrêts maladie, etc.). Surtout, un effet de composition est intervenu puisque les effectifs ont été particulièrement dynamiques dans certaines activités de services, où la productivité est nettement moins significative que dans d’autres branches comme l’industrie.
La correction de l’intérim ne suffit pas à faire plier l’emploi industriel
Dans l’industrie, le nombre d’embauches répertorié par les Urssaf a atteint 956 000 hors intérim en 2023, c’est-à-dire à peine moins que le record de 2022. Elles se sont réparties équitablement entre CDI et CDD, le poids des premiers atteignant même 58 % dans la métallurgie. En liaison avec l’atonie de l’activité et la dégradation des carnets de commandes (stabilisés à un bas niveau ces derniers mois selon l’indicateur agrégé par la Banque de France), les difficultés de recrutement s’atténuent depuis près d’un an mais étaient encore ressenties par plus de la moitié des industriels au mois de janvier 2024. Au total, 35 500 postes nets de salariés ont été créés entre fin 2022 et fin 2023, soit 11 000 en intégrant les intérimaires exerçant dans ce secteur. Lors des quatre dernières années, la hausse des effectifs hors intérim s’est établie à plus de 88 000, dont 73 % a été réalisée dans l’agroalimentaire et l’énergie ; les secteurs des biens d’équipement ont également vu l’emploi se raffermir (+ 9 000 salariés), ainsi que les matériels de transport hors automobile (+ 15 000) et la réparation de machines (+ 19 000). A l’inverse, seuls trois sous-secteurs ont connu un repli, à savoir le bois-papier, les produits métalliques, et, surtout, l’automobile (- 21 000). Par ailleurs, selon des statistiques encore provisoires fournies par l’Unédic, le nombre de salariés en activité partielle dans l’industrie est ressorti à un peu plus de 39 000 en novembre dernier, soit à peu près autant qu’au milieu de l’été. Parmi eux, 20 000 relevaient de la métallurgie (dont près de 70 % étaient en APLD), chiffre qu’il convient de diviser par plus de 5 pour le ramener en équivalents-temps plein.
Bien qu’elle tende à se calmer, la mobilité des salariés demeure significative compte tenu du haut niveau des embauches mais aussi de la hausse des démissions qui s’est quelque peu prolongée (celles-ci représentent plus de 40 % des fins de contrat en CDI). Calculé comme la moyenne des entrées et des sorties en CDI et CDD sur le marché du travail rapportée au stock d’emplois, le taux de rotation de la main d’œuvre, est ressorti à environ 28 % dans l’industrie en 2023 (trois premiers trimestres annualisés faute de chiffres pour le quatrième), soit 4 points au-delà de la moyenne annuelle constatée entre 2007 et 2019. Pour autant, ce résultat se situe nettement en retrait de ceux constatés dans les autres secteurs, certains comme les services aux entreprises, les « autres services » (activités récréatives, services aux ménages, santé), l’information-communication et l’hôtellerie-restauration affichant des taux largement supérieurs à 100 % (autrement dit, les flux annuels moyens y surpassent les stocks).
Chiffres clés :
- – 15 500 : variation des effectifs de la construction entre le T4 2022 et le T4 2023
- 7,4 % : taux de recours à l’intérim dans l’industrie au T4 2023
- 4,6 : durée moyenne en semaines des missions d’intérim dans les biens d’équipement au T4 2023
- 151 000 : démissions dans l’industrie entre le T1 et le T3 2023
- 66 000 : licenciements non économiques dans l’industrie entre le T1 et le T3 2023
- + 12 400 : variation des effectifs de la métallurgie entre le T4 2022 et le T4 2023
- – 4 100 : variation des effectifs de l’automobile entre le T4 2022 et le T4 2023
- + 74 000 : variation des effectifs dans l’industrie entre le T4 2019 et le T4 2023 (y compris intérim)
- + 10 000 : variation des effectifs dans l’industrie au premier semestre 2024 (prévision Insee)
- 483 : nombre d’établissements de la métallurgie ayant déposé une demande d’activité partielle en novembre 2023
CONTACTS
Mathieu PERAUD
Délégué Général02 99 87 42 87