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Vif freinage de l’inflation
L’inflation se calme, décélérant même bien plus rapidement que prévu très récemment encore. Cette situation laisse plus de latitude aux banques centrales pour abaisser leurs taux d’intérêt directeurs, surtout en zone euro où l’activité peine à croître. En France, le glissement annuel de l’indice général des prix est désormais proche de 1 %, résultat qui se prolongerait au moins jusqu’à la fin de l’exercice en cours.
La surprise du mois de septembre
Jamais au cours des dernières décennies en France l’indice général des prix à la consommation non désaisonnalisé n’avait reculé de 1,2 % en un mois comme ce fut le cas en septembre 2024, d’après les chiffres provisoires divulgués par l’Insee (jusqu’ici, la baisse maximale était ressortie à 1 %, ce à deux reprises : durant les mois de janvier 2015 et de 2016). L’effet saisonnier du repli des tarifs des transports et de l’hébergement en septembre a en effet été amplifié par la tenue des Jeux olympiques et paralympiques en août, les tarifs des services de santé refluant par ailleurs ; de surcroît, ceux de l’énergie ont de nouveau diminué, comme en témoignent les statistiques du ministère de la transition écologique sur les carburants routiers : – 7 % sur un mois pour le SP95 et – 5,5 % pour le gazole (TTC).
En glissement annuel- c’est-à-dire entre septembre 2023 et septembre 2024-, les prix de l’énergie affichent une contraction de plus de 3 %, après, il est vrai, l’augmentation sensible qui était intervenue la deuxième moitié de l’été 2023. Parallèlement, les tarifs de l’alimentation n’avancent plus guère (+ 0,5 % sur un an depuis trois mois contre une avance à deux chiffres entre l’automne 2022 et août 2023), tandis que ceux des biens manufacturés reviennent peu ou prou sur leur tendance pré-pandémie, à savoir une légère décrue. Deux postes donc entretiennent l’inflation aujourd’hui : le tabac avec + 8,7 % après le relèvement de la fiscalité en janvier, et, surtout, les services, qui entrent pour plus de la moitié dans le panier de consommation moyen : + 2,5 %. Les évolutions par famille de biens et services seront dévoilées le 15 octobre, jour de la parution des chiffres définitifs de l’inflation.
Au total, le glissement annuel de l’indice général des prix est tombé à 1,2 % au mois de septembre, contre + 1,8 % en août et + 2,3 % en juillet. C’est 0,4 point de moins que le chiffre prévu par l’Insee il y a un mois dans un point de conjoncture intermédiaire, avant que l’institut ne vienne corriger ce 10 octobre dans une note actualisée sa prévision pour les trois mois restants de l’exercice ainsi que la moyenne annuelle.
+ 2 % attendu en moyenne annuelle 2024 et + 1,6 % en 2025
Le glissement annuel de septembre se maintiendrait peu ou prou à cette allure d’ici la fin 2024. En moyenne annuelle- correspondant à la variation entre la moyenne des 12 indices de 2024 et celle des 12 indices de 2023-, l’indice général augmenterait de 2 % ; l’alimentation, l’énergie et le tabac contribueraient chacun à hauteur de 0,2 point au résultat d’ensemble, les services expliquant le solde. L’indice général hors tabac progresserait ainsi de 1,8 %.
Alors qu’elles n’avaient pas évolué depuis juillet, les prévisions du Consensus pour la moyenne annuelle 2025 ont été revues en baisse de 0,2 point au mois d’octobre : les vingt-deux économistes interrogés (dont Rexecode, le Crédit Agricole, l’OFCE, etc.) s’attendent à présent à + 1,6 % ; si parmi eux certains tablent sur une cadence proche de 2 %, plusieurs envisagent + 1,1 %. De son côté, dans le PLF qu’il vient tout juste de présenter, le gouvernement mise sur 1,8 %, pour une large part tiré de nouveau par les services.
Gain de pouvoir d’achat salarial
Après deux exercices durant lesquels l’inflation s’était montrée plus vive que l’avance des rémunérations, c’est désormais l’inverse qui est observé. En moyenne annuelle 2024, le salaire mensuel de base tel que calculé par la Dares pour les établissements de plus de 10 salariés du privé se raffermirait de 2,9 % en € courants après + 4,3 % en 2023, d’après le scénario de l’Insee ; depuis 2017, les prix et les salaires ont grimpé au même rythme : + 18 % environ. En tenant compte de l’ensemble des ressources des ménages (salaires, revenus de la propriété et prestations, nets de prélèvements), le revenu disponible des Français se renforcerait de 4,4 % ; exprimé en pouvoir d’achat et par unité de consommation afin de tenir compte de l’évolution de la population, il afficherait + 1,3 % après + 0,3 % en 2023.
CONTACTS
Mathieu PERAUD
Délégué Général02 99 87 42 87